contact : houles@riseup.net
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Introduction
Les grottes marines bretonnes (parfois appelées localement « houles ») ont longtemps été le théâtre d’inquiétantes légendes. En effet, nous dit-on, les anciens les savaient peuplées de fées troglodytes et de leurs mystérieux compagnons, les fétauds. De là qu'ils se soient toujours gardés de les approcher et, plus encore, de s’y aventurer.
Si ce n'est qu'un beau jour, les fées et les fétauds en question sont partis. (« [...] maintenant on ne voit plus de fées ; elles ont disparu depuis longtemps et on dit qu’elles sont toutes mortes en une nuit *. »)
À peu près au même moment (fin XIXe et début XXe), les mêmes grottes, par exemple celles du Cap Fréhel ou de Saint-Cast-le-Guildo, ont acquis une importante notoriété touristique. Toutes, des plus modestes aux plus spectaculaires, ont brusquement
déplacé des foules de vacanciers, ainsi que l’attestent les cartes postales d’antan. Certaines mêmes, comme la grotte des Sirènes à Saint-Lunaire, ont été équipées et aménagées pour satisfaire au juteux marché du pittoresque.
Et puis les touristes sont partis à leur tour et les houles sont retombées dans l’oubli. Certes, quelques grottes marines sont encore massivement courues aujourd’hui, à Belle-Île (grotte de l’Apothicaire) et Crozon (grotte de l’Autel à Morgat) ; mais toutes les autres ont été désertées des amateurs de curieux et d’insolite. Comment expliquer un désintérêt aussi massif ? De quelle étrange désaffection les houles ont-elles été le théâtre ?
Ajoutez à cela que les grottes en question semblent avoir été habitées, jadis, par nos lointains ancêtres préhistoriques (cohabitaient-ils, alors, avec les fées et les fétauds ?) ; que les contrebandiers sont connus pour y avoir cachés, sinon d’encombrants trésors, du moins leurs marchandises prohibées ; mais aussi que les mêmes grottes sont rapidement promises soit à effondrement, soit à ennoiement, du fait de la montée des eaux en cours, et vous avez là de quoi aiguiser la curiosité de tout amateur et amatrice du monde souterrain qui se respecte.
* Conté par Jacquemine Nicolas, de Saint-Cast. Cf. Paul Sébillot, « La houle de Beauçais ».
état des lieux
Or, il s’avère que les grottes marines bretonnes sont des lieux relativement peu documentés par la communauté spéléologique. Ces lieux grandioses, situés dans des environnements souvent sauvages et reculés, ont pourtant joué un rôle fort dans l’imaginaire des anciens habitants du littoral breton. Par là même, il est probable qu’un grand nombre de ces cavités aient été oubliées en même temps que les histoires qui les mettaient en scène — sans compter celles, inconnues des anciens, qui restent encore à découvrir.
Notons cependant, à des fins de réalisme, que plusieurs tentatives d’inventaire ont été initiées par des spéléologues bretons, mais aussi parfois domicilés dans d’autres départements, et qu’aucune d’elle, faute de têtes et de bras, n’a aboutie.
L’objet de ce site internet est donc double. Il vise, d’une part, à rassembler toutes les informations que nous avons réunies à leur sujet. En effet, de nombreux travaux sur les grottes marines ont déjà été réalisés par des spéléologues (notamment Jean-Yves Bigot, Philippe Drouin, Claude Chabert, Régis Krieg-Jacquier, etc.), des géologues (Florentin Paris) ou des archéologues, mais ils restent éparpillés ici et là, notamment dans les bulletins et les revues (vieux
Spelunca, Bulletin du SCP, Actes des rencontres d'octobre, etc.). On trouvera donc ici
une bibliographie détaillée, non pas exhaustive sans doute, mais régulièrement actualisée, ainsi qu’un inventaire par département.
D’autre part, il a vocation à rassembler les productions liées à nos propres recherches et explorations. Ainsi, en plus de nos comptes-rendus de
sorties, plusieurs de nos publications sont disponibles auprès de nous au format papier, ou, sur simple demande, au format PDF.
Précautions
Partir à leur recherche des grottes marines, c’est quitter les sentiers des douaniers et pénétrer dans un formidable dédale rocheux, dissimulé à marée haute et peu fréquenté des promeneurs. Sculptée par le flux et le reflux, la pierre prend en effet ici des formes peu communes
(arches, marmites de sorcières et autres piscines naturelles, mais aussi rochers singuliers, failles, abris
sous roche, taffonis et autres canyons polis par l’érosion) capables de projeter ceux qui s’y aventurent dans un espace fantastique, propice à la dérive exploratoire et à toutes les fantaisies de l’imagination.
Les grottes marines qui nous intéressent ici se visitent à pied, à marée basse (même si c’est seulement une ou deux fois dans l’année, par fort coefficient de marée, et si plongeurs et kayakistes sont susceptibles, pour leur part, de pouvoir
les visiter à marée haute). Pour ce faire, il convient de privilégier les grands coefficients de marée (certaines cavités ne sont accessibles qu’au-delà d’un coefficient de 90), et les dernières heures de la marée descendante, afin de ne pas se laisser surprendre par le flot.
Le milieu souterrain est considéré à juste titre comme hostile a priori pour l’homme. En l’occurrence, on ne se lancera dans l’exploration de ces grottes que muni d’une bonne lampe frontale et d’un casque de protection (certaines cavités sont ébouleuses, et les cormorans ou pigeons qui y nichent provoquent parfois des
chutes de pierres). Mais la phase d’approche dans les rochers est aussi accidentogène. Des gants et des bottes à crampons peuvent faciliter la progression dans ces zones exposées (de même qu’une corde d’une dizaine de mètres, au cas où).
Les grottes marines sont des milieux sensibles. Les incursions humaines y
laissent toujours des traces, parfois irréparables. D’autant qu’elles sont déjà fortement polluées par toutes les épaves qui viennent s’y échouer : bouées, flotteurs, etc. Ne laissez donc aucun détritus derrière vous ; et dérangez le moins possible les autres habitants des lieux. On trouve en effet dans
les grottes marines de nombreuses espèces d’organismes marins (poissons, crustacés, spongiaires, anémones, etc.), mais aussi d’oiseaux de mer.
On signalera également la présence possible de chauve-souris, notamment pendant les mois d’hiver.
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